mon arrière-grand-pèreLéon Valentin Camus(1860 - 1926)dit |
Voici un récit de quelques étapes de sa vie, ou comment un religieux est devenu mon arrière-grand-père...
Son père, Lambert Valentin, est un maçon d'alors 23 ans; sa mère, Léonie Victoire Viviez, a 22 ans.
Un cordonnier et un menuisier accompagnent le père de l'enfant lors de la déclaration de sa naissance (cliquez
ici pour en lire l'acte)
Léonie est lingère; elle est la troisième enfant d'une famille de 7. Son père était manouvrier à Saint-Omer et son ascendance montre une implantation certaine depuis plusieurs générations dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Léon Camus est né à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, et y est décédé soixante-six ans plus tard.
On pourrait croire que sa vie a été très sédentaire, mais il n'en est rien: il est simplement revenu, après un parcours qui l'a fait maintes fois changer de lieu de résidence (mais aussi de mode de vie...), dans sa ville natale pour y mourir.
1860-1873 : l'enfance
Léon Valentin Camus est né le 18 juin 1860, à Saint-Omer.
Le couple Camus-Viviez aura en tout 11 enfants, d'où une descendance nombreuse sur St-Omer.
Il y suit le cours préparatoire, puis le cours élémentaire.
Le 25 avril 1875, il entre au Grand Noviciat puis prend l'habit en même temps qu'il reçoit le nom de "Frère Eucade-Léon".
Il termine son noviciat le 10 mars 1876. Nommé instituteur adjoint, il est alors envoyé à Amiens où les Frères des Ecoles Chrétiennes dirigent plusieurs établissements.
1873-1903 : les années religieuses
Léon a 13 ans lorsqu'il entre, le 1er octobre 1873, au Petit Noviciat de Saint-Omer, au sein de l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes.
Il exercera successivement
-à l'école Saint-Rémi, en tant que responsable de la "petite classe" (garçons de 6 ans)
-à l'école Saint-Jacques
-à l'école Saint-Germain, où il enseigne à la "petite classe" puis à la "2e classe" (1879) en tant que Sous-Directeur
-à l'école Notre-Dame enfin, responsable de la 2e puis de la "1ere classe" (1882).
Entre temps, il a terminé son noviciat et a prononcé pour la première fois ses voeux annuels, le 21 septembre 1878.
Il réitérera ces voeux chaque année au mois de mai ou de juin, de 1879 à 1884; cette année-là, en septembre, Frère Eucade-Léon prononce ses voeux triennaux, qui seront "rénovés" en 1885, 86 et 87.
Et c'est en 1888 qu'il prononce ses voeux perpétuels, à Saint-Omer.
Il a également été exempté des obligations militaires, en 1880, conformément à l'article 20 de la loi du 27 juillet 1872:
Il reste à Amiens jusqu'en 1895, puis il est nommé Sous-Directeur de l'école Saint-Jean-Baptiste d'Arras.
En novembre 1898, il quitte Arras pour Abbeville où il est nommé Directeur.
Cette nomination marque un tournant radical dans la vie personnelle et professionnelle de Léon Camus. C'est en effet à Abbeville qu'il rencontre... l'amour! ... en la personne de ma pas-encore-arrière-grand-mère Emilienne Parmentier.
Emilienne a tout juste 18 ans, et son petit frère Charles fréquente l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes d'Abbeville. Leurs parents tiennent un restaurant à Abbeville, et ils y convient un jour le Directeur de l'école de Charles afin de discuter de la scolarité, quelque peu difficile, de l'enfant.
Emilienne est là, et remarque vite Frère Eucade-Léon, qui a, lui, 43 ans... Selon la légende familiale, elle décide qu'elle l'épousera, et ne cesse alors de le poursuivre de ses assiduités, allant jusqu'à lui lancer des billets doux par-dessus les murs de l'Institution...
J'ignore si Léon fut difficile à convaincre...
Mais il épousa finalement Emilienne à Saint-Omer, le 26 septembre 1903.
Quitter le monde religieux et renoncer à ses voeux fut certainement très difficile pour Léon; il apparaît qu'il dût en faire la demande expresse auprès du Pape, à Rome: voici le texte de la lettre qu'il reçut en retour (cliquez ici pour en consulter l'original):
Réponse:
En vertu des pouvoirs spéciaux accordés par Sa Sainteté, la Sacrée Congrégation des Révérendissimes Cardinaux de la Ste Eglise Romaine, préposée aux affaires et négociations des évêques et des Réguliers a bien voulu accorder à l'Evêque d'Arras la faculté de dispenser le solliciteur du consentement de son supérieur général des voeux simples d'obéissance et de pauvreté tels qu'il les a émis. La Congrégation autorise aussi l'Eveque d'Arras à commuer le voeu également simple de chasteté, de manière à ce que le solliciteur puisse contracter mariage s'il le juge à propos. Cette commutation consistera en une confession une fois chaque mois et en d'autres oeuvres de piété et de pénitence qui dureront aussi longtemps que l'usage de la dispense elle-même. Que le dispensé sache que, s'il survivait à la personne à laquelle il s'unirait par le mariage, il ne pourrait en épouser une autre sans une nouvelle dispense du saint Siège. Qu'il sache bien également que si, ce qu'à Dieu ne plaise, il lui arrivait de pécher contre le sixième commandement de Dieu en dehors du légitime usage du mariage, il pécherait contre son voeu de chasteté.
Rome, 31 août 1903
Card. (?) Emilienne et lui-même ont vite la joie de voir naître leur premier enfant, Emilien, en 1905. ils habitent alors Allouagne, non loin de Saint-Omer où ils se sont mariés.
En 1906 naît un second fils, Léon, toujours à Allouagne.
La famille s'installe alors à Bourbourg, et Léonie naît en 1908.
Enfin, en 1910, naît ma grand-mère maternelle, Marie-Louise. Léon est alors comptable dans une corderie à Béthune.
En 1912, la famille a quitté le Nord de la France et se trouve à Dijon, puis part pour Sedan, puis pour Falaise, dans le Calvados, en 1913.
Il semble que Léon soit retourné, par moments, à sa vocation première, l'enseignement, et qu'il ait été instituteur puis directeur d'école.
A sa retraite, il choisit de revenir dans sa ville natale, Saint-Omer. Il y décédera le 11 juin 1926, à l'âge de 66 ans, seul - Emilienne l'a quitté entre temps...
Il repose au Cimetière des Bruyères de Saint-Omer.
Valentin Léon Camus, se sentant vraiment dans l'incapacité de supporter les fardeaux de la vie en communauté, se prosterne aux pieds de Votre Sainteté, sollicitant humblement la dispense des voeux simples émis par lui dans l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes et l'autorisation de retrourner librement et licitement à la vie du siècle.
Parmi elles devront se trouver quelques oeuvres quotidiennes qui rappelleront chaque jour au dispensé ses obligations.
1904-1926 : les années laïques
Voici Léon "débarquant" dans la vie laïque...
De cette époque me reste cette carte postale que Léon envoya à Emilienne pour sa fête...:
En 1917, c'est Mantes-la-Jolie, en 1922, le Pré Saint Gervais, et en 1923, Taverny...
Merci à Frère Darnel, Archiviste des F.E.C. de Villeneuve d'Ascq, et à Emilien, le fils aîné de Léon...