Laurent Mourguet

et Guignol


Laurent Mourguet


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Né à Lyon en 1769, Laurent Mourguet est issu d'une famille de tisseurs pauvres. Il sera donc canut. Mais à la Révolution, l'avenir semble bouché. Du haut de ses 20 ans, le jeune et insouciant Laurent n'a pour seule école que les rues du Vieux Lyon. Il ne saura jamais écrire (il ne signera même pas lui-même son acte de mariage). Peu éduqué certes, mais malin et vif. Il fait feu de tout bois, et de petits boulots en métiers à la petite semaine, il gagne sa vie bon an, mal an en suivant les foires et les fêtes de sa région. Ainsi le retrouve-t-on "maître gazier" puis "ouvrier en soye", forain ou marchand de chaussons. Quand il ne travaille pas, il fait des enfants à sa femme. Dix en dix ans! Deux d'entre eux prendront d'ailleurs a relève en tant que marionnettistes.

Est-ce pour s'élever socialement ou pour se stabiliser qu'il devient arracheur de dents? Le métier de "dentiste" n'existe pas encore à l'époque et relève plus du numéro de cirque que de la faculté... En 1797, Laurent arrache donc les dents, en place publique... gratuitement, pour pouvoir vendre ses anti-douleurs après l'opération. Pour mieux attirer le chaland, il crée un petit théâtre de marionnettes, type de spectacle déjà très en vogue à Lyon. C'est avec Polichinelle, et non Guignol, qu'il fera ses débuts. En 1804, il abandonne définitivement la tenaille et devient marionnettiste professionnel, assisté du père Thomas, un comédien-amuseur fameux, avec lequel il fera un bout de chemin. Mais Thomas taquine décidément trop la bouteille et les deux compères se séparent. Gnafron Guignol Le premier personnage du théâtre de Mourguet sera Gnafron, sous les traits... du père Thomas! La toute première marionnette lyonnaise est née. Puis suivra Guignol en 1808, le héros, le canut, naïf et roublard à la fois, proche des préoccupations populaires. Madelon, sa compagne, fait rapidement partie du trio. Les personnages s'affirment, tant physiquement que moralement. Le langage de Guignol est unique: il parle bien mais invente des mots nouveaux, jongle avec le parler local et l'argot, tord le coup au subjonctif et zézaye un brin. Hiver comme été, il porte une redingote marron à boutons dorés, un tricorne et un noeud papillon aux ailes froissées. Les cheveux noirs sont rassemblés en une natte qui se balade de droite et de gauche suivant les mouvements. La maréchaussée est toujours mise à mal, et ouvriers et petits employés se régalent à ce spectacle. Le pouvoir est moqué, le nanti ridiculisé. Mourguet a l'intelligence de mêler à ses scénarios des éléments de l'actualité pour les présenter sous un jour cocasse (les Guignols ne font rien d'autre). Et on rit de bon coeur; petit à petit, même le bourgeois goûtera l'humour de Guignol.

Laurent Mourguet meurt en 1844 mais ses enfants poursuivent le chemin, et aujourd'hui petits et grands se tordent encore aux aventures de Guignol et aux coups de bâton reçus par le gendarme.

Cliquez ici pour consulter la généalogie descendante de Laurent Mourguet.



Lyon lui rend hommage...

  • par une rue dans le 5e arrondissement.


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Sources: Le Guide du Routard - Lyon et ses environs - Ed. 2001 - Guignol, la vie d'un saltimbanque - Bernard Frangin, Ed. Le Progrès -
Un site: http://wwwusers.imaginet.fr/~crinolin/mourguet.htm

Merci à Bertrand MASSOUD (visitez son site!) pour sa collaboration...