La "saga" VISSEAUX



1872

Jacques Visseaux enfant Petit-fils de "cariolleur", fils de quincaillier, mon arrière-grand-père Jacques VISSEAUX naquit le 12 avril 1872, à Lyon. Ses parents avaient eu, auparavant, une petite fille, que Jacques ne devait malheureusement jamais connaître. Seul enfant du couple, il est donc légitime de penser que ses parents plaçaient beaucoup d'espoir en sa réussite... Je ne sais si c'est cela qui lui donna l'ambition et le désir de réussir, mais on ne peut que constater que le "petit Jacques" allait devenir, quelques années plus tard, l'un des grands industriels lyonnais du début de ce siècle.

Je sais peu de choses de son enfance; enfant unique, il n'avait qu'une cousine, Claire, de 4 ans sa cadette. Il est possible qu'il ait passé de longs moments dans la quincaillerie de son père, à Lyon, et qu'il ait ainsi été tenté de reprendre plus tard le commerce familial, ainsi qu'il le racontera un peu plus tard.

1900

A sa sortie de l'Ecole Supérieure de Commerce de Lyon, Jacques VISSEAUX fut tenté par la médecine ou la banque, donna la main, un temps, au commerce paternel, puis décida finalement de réaliser un projet longuement mûri au cours de voyages d'études à travers l'Europe:

"vendre de la lumière"...

A son commerce initial de manchons à gaz, il juxtaposa alors une fabrication de plus en plus complète, avec la mise au point d'un nouveau bec original décrit (modestement?) comme "d'une supériorité technique indiscutable sur tous les modèles existants"...!

La petite usine VISSEAUX, près du quartier St Paul, en bords de Saône, démarra avec une trentaine de personnes (3 hommes et quelque 30 ouvrières...) et prit une rapide extension, jusqu'à un jour de décembre 1905 où un incendie la détruisit en grande partie...


l'usine en 1904

1905

les bureaux en 1911 De nouveau ateliers, plus grands et plus modernes, furent construits à Vaise, rue Berjon. Très rapidement, l'usine reprit ses fabrications de becs et de manchons à gaz, et un Service Commercial très actif, d'un dynamisme rare pour l'époque mais tel que le souhaitait mon arrière-grand-père, s'installa Quai Pierre-Scize. En 1909, l'usine produisait 3000 manchons par jour; en 1911, 12000, et en 1913, 20000! Les produits VISSEAUX furent bientôt exportés vers toute l'Europe, mais aussi vers le Canada et le Japon. En 1910, mon arrière-grand-père reçut pour ses produits une médaille d'or au concours Lépine, deux médailles d'or à l'exposition de Bruxelles et "la plus haute récompense" à l'Exposition de l'Habitation de Paris!


l'usine en 1913

1919

affiche Les Petites Visseaux... La production continua pendant la guerre, bien que ralentie. Elle connut un maximum en 1918, puis la demande chuta fortement. Jacques VISSEAUX créa alors, en 1919, une nouvelle usine, qui s'étendait sur 5 hectares, pour la fabrication des lampes électriques à filament étiré, technique née avant la guerre. De puissantes sociétés exerçaient déjà leur emprise sur ce marché nouveau, mais c'est l'institution d'un contrôle unitaire des lampes, en cours de fabrication et avant sortie d'usine, qui permit à l'entreprise VISSEAUX de se démarquer et de faire reconnaître la qualité de ses produits.

"Seule la qualité est économique..." disait mon arrière-grand-père!

Publicitaire avant l'heure, Jacques VISSEAUX sut mettre à contribution des artistes de renom: Capiello pour l'affiche du "Jongleur", Jean d'Ylen pour "L'ébloui"... Puis vint le slogan fameux:

"Les petites Visseaux font les grandes lumières..."

... qu'illustreraient plus tard, avec beaucoup de grâce, mes trois grand'tantes!

exposition Marseille 1922



1927

Constatant le développement extraordinaire de la T.S.F., Jacques VISSEAUX décida d'adjoindre à ses ateliers une usine de lampes de radio. Pari gagné, puisque cette activité connut rapidement un succès encore plus important que celui qu'il connaissait déjà avec les lampes d'éclairage.

l'usine de Vaise

Jacques VISSEAUX était un adepte de ce qu'il aimait à appeler "la technique américaine", appréciant essentiellement les qualités de régularité de cette technique, de même que tous ses aspects publicitaires et commerciaux, somme toute peu encore au goût du jour à l'époque.

1948

La firme VISSEAUX lança cette année-là de nouvelles lampes "miniatures", de petites dimensions mais aux performances élevées. Ces lampes remportèrent un grand succès dans l'équipement des appareils de radiodiffusion et du matériel professionnel.
C'est cette année-là, également, que VISSEAUX établit une collaboration technique avec la firme américaine Sylvania.

1951

En juillet 1951, le cinquantenaire de la maison VISSEAUX donna lieu à une réception grandiose organisée par Jacques VISSEAUX, à laquelle furent conviés, bien sûr, tous les employés de la société, mais aussi, évidemment (relations publiques obligent!) la quasi-totalité des journalistes lyonnais!

C'est à cette occasion que fut tirée à 5000 exempliares une plaquette intitulée "50 ans au service de la lumière", dont Jacques VISSEAUX écrivit les premières lignes:

"Cette petite plaquette essaie de résumer cinquante années de travail en commun; je la dédie à mes premiers compagnons de labeur qui ne sont plus et à vous, mes Chers Collaborateurs, ici présents, "anciens" et "moins anciens" à qui je dois la joie de ce grand jour. A tous, je dis toute ma gratitude.

Comme j'ai fort peu de chances de pouvoir présider le Centenaire de cette Maison que nous avons bâtie ensemble, je veux dévoiler dès maintenant le secret de notre réussite aux plus jeunes d'entre vous, qui vont continuer notre oeuvre.

Certes, la compétence, la méthode, l'initiative et le dévouement sont à la base de toute création humaine, mais il est d'autres vertus non moins précieuses et rares: l'enthousiasme dans l'action et la passion de l'ouvrage bien fait.

Elles sont une source inépuisable de satisfactions et de joies à tous les échelons de la hiérarchie; je souhaite de tout mon coeur, à chacun de vous, qu'elles président à votre travail, aussi bien à l'Usine ou aux bureaux que dans votre foyer, à qui le vieux grand-père que je suis adresse une affectueuse pensée."


Il devait décéder peu de temps après, le 12 septembre 1952.
C'est mon grand'père, Joseph VISSEAUX, qui reprit la direction de la société.

1956

La concurrence étant sans doute trop forte, CLAUDE, PAZ et VISSEAUX vit le jour avec le regroupement des activités éclairage de dix sociétés, dont celle de mon arrière-grand-père. Mais la production de produits portant la marque "VISSEAUX", avec le sigle de la société (celui que vous pouvez voir en arrière-plan) devait continuer encore un certain temps.

La société sera plus tard absorbée, successivement, par l'américain ITT puis par le groupe GTE.

Il ne reste rien de l'entreprise de mon arrière-grand-père, si ce n'est, dans la tête des plus vieux Lyonnais, quelques souvenirs de slogans et d'images... Il semble en effet que mon arrière-grand-père ait en cela atteint son but, celui de faire connaître son entreprise par une publicité avant-gardiste... puisque son souvenir reste encore présent quelque part!
Jacques Visseaux vers 1950

Jacques Visseaux vers 1950


Je viens de transmettre l'intégralité de ma collection d'objets concernant l'entreprise de Jacques Visseaux au
Musée Ampère,
à Poleymieux-au-Mont-d'Or.
Ce musée historique et didactique, niché au coeur d'un coin superbe, a besoin de visiteurs... Pensez-y pour vos prochains dimanches en famille !




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