Pourquoi veut-on avoir des informations sur ses ancêtres personnels ? En quoi être le descendant d'un héros ou d'une crapule peut-il modifier un individu ?
L'inventeur de la confiture de fraises est un grand bienfaiteur de l'humanité. Mais même si j'en étais le descendant, est-ce que j'aurais hérité génétiquement de cette propension à produire des délices pour mes semblables au point d'en être plus aimable ?
A l'inverse, le sadique qui a inventé les étagères trop hautes mérite cent fois la roue. En quoi serais-je plus mauvais s'il était mon ancêtre : son ignominieuse forfaiture aurait-elle transité jusqu'à moi par quelque chromosome haïssable ?
La recherche généalogique par elle-même m'est parfaitement compréhensible : c'est une enquête probablement passionnante, comme toute démarche cherchant à reconstituer des faits passés. Donc le généalogiste ne m'apparaît pas comme un extraterrestre lorsqu'il enquête pour d'autres que lui-même.
En revanche, je m'interroge sur les motivations du consommateur du renseignement. Car il ne s'intéresse qu'aux antécédents de sa propre famille. Le prétexte d'impartiale curiosité historique ne peut donc être invoqué dans ce cas.
Qu'on me fasse grâce de la citation : "Le passé éclaire notre présent pour prévoir notre avenir" car il concerne le collectif humain tout entier (on est davantage influencé par un contexte socioprofessionnel direct que par ses ancêtres) et n'apporte rien à la question précise posée ici..
Alors ? Qui peut me convaincre qu'on ne cherche pas dans ses ancêtres quelque motif de fierté dans des hauts faits qui ne nous doivent rien (ni en bien ni en mal) ? Ne cherche-t-on pas à compenser une vie qu'on trouve trop banale en s'associant artificiellement à un ancêtre dont la vie fut plus intense ?
Attention : je suis conscient qu'ils existe de nombreux amateurs et plein de professionnels et je serais surpris que tout ce monde-là puisse se gourrer aussi franchement. C'est donc probablement moi qui ne comprend pas un aspect de la généalogie.